Allemagne, 2062. La surpopulation et la crise menacent de faire imploser le pays. Les habitants s’entassent dans des mégalopoles hyper-industrialisée, et depuis plus d’une décennie, le taux de criminalité augmente de 179% en moyenne chaque année. Le gouvernement est impuissant et ne prend aucune mesure. Un général à demi-fou, Herr Leiterhölte, effectue un sanglant coup d’Etat au mois de janvier de cette année, et s’octroie les pleins pouvoirs afin de rétablir l’ordre.

Mais des dissensions règnent au sein de l’Etat Major de l’Allemagne. Les partisans du General Leiterhölte préconisent la régulation « naturelle », laissant la population s’entre-tuer afin de libérer l’espace nécessaire, et l'y aider si besoin est. Ses opposants, un groupe d’humanistes ne pouvant se résoudre à livrer le peuple allemand à lui même, menés par le Kolonel Von der Braun, propose une solution pouvant les libérer de cette misère : leur projet consiste en la conquête d’un « espace vital » et en l’éradication pure et simple de leurs habitants, idée émise plus d’un siècle auparavant par un obscur diktateur.

La mort tragique mais purement accidentelle l’année suivant du General Leiterhölte donne finalement raison au grand Von der Braun, promu Übergeneral, qui mène immédiatement ce qu’il appellera communément sa « Croisade », et qui lui vaudra par la suite le surnom de « Der Zorn Gottes ». (les affirmations de ses détracteurs, selon lesquels les décès de soixante-huit des proches et des partisans de Leiterhölte au moment de la mort de ce dernier ne seraient pas accidentels comme il fut prouvé, ne sont bien sûr qu’un ramassis de mensonges, ignoble propagande pour faire perdre au génie qu’est Von der Braun toute crédibilité aux yeux d’un peuple qui lui est immensément redevable. La rédaction du « Zeit » ajoute que le peu de foi accordé à ces diffamations prouve leur ineptie : il s’avère que les trois journaux ayant osé proférer de telles insanités durent déposer le bilan dans les mois qui suivirent, en raison de

leur manque évident de chiffre d’affaire et du suicide accidentel du rédacteur en chef de l’un d’eux.)

La guerre fut rapide et aisée grâce à l’étonnante stratégie française dite « de l’autruche » et qui consista à s’occuper des problèmes que lui causait l’immigration (il faut noter à cette époque une forte minorité malienne et, en règle générale, africaine) sans se soucier du reste de l’Europe. Quand à l’Angleterre, la Guerre civile pour l’indépendance écossaise monopolisait ses efforts. Ainsi l’Allemagne annexa l’Union Balte Libre, la Pologne et le Combinat des Banquiers Suisses en moins d’un an. La Ligue Teutonne était née.

Mais les dissensions existaient encore, et le bon Von der Braun, devant la folie croissante de ses citoyens, ne put que former une Police spéciale, forcés de faire régner la Loi par tous les moyens possibles. A leur tête, un homme intègre et juste : le Kapitain Gunther. Les opposants au régime furent traqués afin de préserver la sécurité dans nos rues, jugés en toute équité, puis allèrent peupler des camps d’intérêts généraux, où ils travaillèrent à la construction de la grandeur de la Ligue.

Mais en 2071 une guerre civile déchira le pays, au terme de laquelle la Ligue implosa en deux parties : l’Allemagne libre, une prétendue démocratie avec pour capitale Berlin et dirigée par un tyran, et la Ligue Teutonne Réunifiée, une démocratie militaire dirigé par notre bon Übergeneral Von der Braun avec pour capitale Berlin Est,  nommée ainsi en souvenir de l’ex-Allemagne séparée. Et enfin le calme pu revenir sur les deux Allemagnes, qui devinrent toutes deux des centres culturels importants, avec pour devise : « mens sana in corpore sano », leurs performances tant dans les domaines scientifiques, et spatiaux notamment, que sportifs, en attestant. L’équipe de la Ligue de hand-ball, recrutée parmi les meilleurs éléments de l’ex-police spéciale, et nommés dès leurs débuts les « Richter », allusion aux nombreux procès présidés par leur commandant, remporta toutes les médailles d’or aux JO entre 2076 et 2088, non sans humilier nos voisins allemands "libres", ce qui marqua le début d’une tradition sportive au sein de cette police militaire.

C’est donc tout naturellement que Gunther, promu Kolonel depuis la guerre civile, fut sommé de recruter une équipe solide afin de participer aux premiers championnats d’Ultraball, sport apparenté au hand-ball : Die Ost-Berlin Richter.

(Der Zeit,  extrait de "Origine et grandeur des Ost-Berlin Richter")